Vagues et écumes

Texte du catalogue de l’exposition à la Fédération Française de Voile à Paris, février-mars 2010

Bulletin météo: situation générale et évolution…
Prévisions pour la journée: vent de sud-ouest dominant 6 à 7, avec rafales atteignant 8 en milieu d’après-midi, puis molissant 5 à 6 en soirée.
Mer agitée à forte, houle d’ouest de 2 à 3 mètres, temps couvert, suivi de grains, visibilité supérieure à 10 miles, réduite sous précipitations.( ou: temps instable avec alternance d’éclaircies et d’averses).
Vent ce matin, ciel noir. Bottes, pulls, gants, cirés, les deux, un pour soi, un pour le matériel. Préparer le vélo, y charger le panier de matériel. Partir, vent arrière aujourd’hui, c’est un coup de suroît.
Passer les chevaux tournés dos au vent, la maison aux volets rouges, avant d’entrer dans la longue ligne droite du marais, traverser les petites rues derrière le port, déboucher aux rochers, sur la mer.
Déboucher dans le fracas des vagues, l’invraisemblable et fascinante blancheur, les cris des oiseaux, l’odeur de la mer brassée, la lumière ou l’eau, on ne sait plus.
Retrouver le creux dans les rochers, hors de la portée des plus hautes lames de fond, caler le matériel, préparer la bâche pour le grain prochain, sortir les pinces pour maintenir le papier, petits formats, moins de prise au vent. Un temps de face à face, d’observation, puis écrire la mer, écrire l’écume.
Rester immobile pour saisir ce qui bouge tout le temps, les vagues, la pluie, le vent. ʐtre là.
Regarder la mer dans le blanc des vagues, la dessiner avec un brin d’herbe, avec l’encre de Chine.
Une heure, deux heures peut-être, de concentration, puis l’envahissement brutal du froid.
Plier tout, vite recharger le vélo en tremblant. Repartir, à contre maintenant. Impossible d’échapper au grain cette fois, il est là, de plein fouet.
Rentrer. Un thé brûlant, et puis le moment des grandes écumes, formats plus importants, derrière la vitre, sans prise au vent, sans prise au grain.
Dessiner la pluie la prochaine fois.